Le jeûne, un anti-inflammatoire naturel ?

Très répandu en Allemagne et de plus en plus en France, le jeûne est pratiqué le plus souvent pour faire une pause, permettre à l’organisme de se nettoyer, de se régénérer. Mais ce ne sont pas ses seuls bienfaits. Mais ce ne sont pas ses seuls bienfaits. De nombreuses études montrent effectivement les bénéfices anti-inflammatoires du jeûne.

Qu’est-ce que l’inflammation ?

Les 4 signes de l’inflammation sont la chaleur, la rougeur, le gonflement et la douleur.
C’est une réaction normale du système immunitaire qui se protège en cas de lésion, d’infection, de brûlure, de blessure ou d’allergie.

Plusieurs réactions vont se succéder dans l’inflammation :

  • Phase 1 : l’initiation de l’inflammation
    • Les vaisseaux sanguins se dilatent pour laisser plus de sang passer vers les tissus lésés.
    • De nombreux globules blancs (neutrophiles et macrophages) vont sur le lieu de l’inflammation, ce qui crée les symptômes de l’inflammation (rougeur, gonflement…)
  • Phase 2 : la résolution de l’inflammation
    • Les macrophages détruisent la cause de l’inflammation
    • Élimination des cellules mortes et des débris du combat entre les globules blancs et la cause de l’inflammation
    • Retour à un flux sanguin normal
    Tout ceci a lieu quand l’inflammation est normale et physiologiquement régulée.

Une inflammation qui s’emballe et s’installe dans la durée
Mais, nos modes de vie modernes, un stress trop important et une alimentation souvent acidifiante, trop pauvre en bons acides gras, en minéraux et vitamines, favorisent une dérégulation de ce système. Notre organisme ne parvient alors plus à produire une quantité suffisante SPMs (Médiateurs Spécialisés dans la Résolution) et fabrique en trop grande quantité des médiateurs pro-inflammatoires contribuant à emballer l’inflammation.
Ainsi, souvent, la première phase de l’inflammation est enclenchée et le corps ne parvient pas à passer dans la phase 2 de résolution de l’inflammation.

Il peut donc dans ces cas y avoir un emballement du système immunitaire : allergies de plus en plus fréquentes et importantes aux pollens, développement d’arthrite (qui va favoriser l’arthrose par la suite), système digestif avec une porosité intestinale (résultant d’une inflammation à bas bruit de l’intestin grêle), inflammation continue favorisant le développement de maladies auto-immunes (polyarthrite rhumatoïde par exemple)…

Le jeûne, une proposition au long court pour rétablir un terrain non-inflammatoire ?
Depuis les années 80, on sait que le jeûne a un rôle anti-inflammatoire sur l’organisme.
Ainsi, dans une étude de 1986 (1), L. Sköldstam a suivi 22 patients atteints de polyarthrite rhumatoïde. Il les fait jeûner une semaine, puis il en suit 20 à la reprise alimentaire : une partie d’entre eux (13 patients) reprend son alimentation habituelle tandis qu’une autre (7 patients) suit une alimentation végétalienne et pauvre en sucre. Le groupe ayant jeûné a montré une amélioration spectaculaire de ses symptômes, amélioration qui s’est poursuivie après le jeûne pour ceux ayant adopté un régime alimentaire végétalien.
Le jeûne semble donc avoir une action anti-inflammatoire suffisamment puissante pour mettre au silence les symptômes inflammatoires de la polyarthrite rhumatoïde. Pour en maintenir au long terme les effets, une alimentation adaptée anti-inflammatoire est à proposer après le jeûne.

Le jeûne, un rôle anti-inflammatoire même dans le cas de maladies auto-immunes
De même, dans une étude menée par J Kjeldsen-Kragh (2) en 1991, 27 patients atteints d’une polyarthrite rhumatoïde ont suivi un jeûne de 7 à 10 jours, puis ont suivi un régime végétarien après la remontée alimentaire pendant 1 an.
Le groupe de régime a également montré une amélioration significative du nombre d’articulations douloureuses, de l’indice articulaire de Ritchie, du nombre d’articulations enflées, du score de douleur, de la durée de la raideur matinale, de la force de préhension, du taux de sédimentation des érythrocytes, de la protéine C-réactive, du blanc numération globulaire et un score du questionnaire d’évaluation de la santé. Ces améliorations n’étaient pas présentes dans le groupe témoin.

Le jeûne semble donc un traitement efficace de la polyarthrite rhumatoïde, maladie auto-immune que la médecine moderne ne sait pas guérir, à condition que l’alimentation soit adaptée après la rupture du jeûne (alimentation anti-inflammatoire).
Les conclusions de cette étude ont été confirmées par celle de Muller et Toledo (3), menée en 2002 sur des patients atteints de polyarthrite rhumatoïde (jeûne suivi d’un régime alimentaire).

Conclusion

Le jeûne fabrique des corps cétoniques protecteurs (notamment le ßhydroxybutyrate, anti-inflammatoire et neuroprotecteur). Il permet aussi à l’organisme d’activer des gènes anti-inflammatoires et favorise l’autophagie (la destruction) des vieilles cellules.

Le jeûne s’avère donc une arme naturelle aux vertus anti-inflammatoires puissantes, à la disposition de chacun.

Un atout indispensable à notre époque où les maladies dites de civilisation sont de plus en plus nombreuses et ont comme point commun l’inflammation de l’organisme : polyarthrite rhumatoïde, l’arthrite, l’arthrose et les rhumatismes en général, mais aussi les allergies, les maladies auto-immunes, les maladies neurodégénératives (Parkinson ou Alzheimer)…

Le jeûne sera efficace s’il est pratiqué régulièrement, une à deux fois par an, et qu’une alimentation de bon sens, saine est mise en place au quotidien.

Cécile Enderlé-Chazalviel

Centre FFJR L’Escale Jeûne

Jeûne et Randonnée

contact@lescalejeune.fr

Références :

(1) Fasting and vegan diet in rheumatoid arthritis, par L Sköldstam, 1986, PMID: 3749829 , DOI: 10.3109/03009748609102091

(2) Controlled trial of fasting and one-year vegetarian diet in rheumatoid arthritis, par Kjeldsen-Kragh et al., 1991; Lancet

(3) Fasting followed by vegetarian diet in patients with rheumatoid arthritis: a systematic review, par H. Müller1, F. Wilhelmi de Toledo, and K.-L. Resch1