Des intestins au repos
Le jeûne est de plus en plus utilisé pour gérer les maladies inflammatoires et métaboliques. Pendant la période du jeûne, les intestins ne sont plus sollicités et se mettent au repos. C’est ce repos qui permet d’abord au foie de détoxifier et de nettoyer l’organisme, puis dans un second temps qui favorise la régénération et la réparation de l’intestin.
Une flore intestinale préservée et rééquilibrée
Notre microbiote, qui constitue un ensemble de 10 milliards de bactéries, soit 3 fois plus que le nombre de cellules de tout notre organisme, a un rôle primordial en terme de santé. Il joue un rôle sur nos systèmes immunitaire, neurologique, et métabolique.
L’équipe de chercheurs de R. Mesnage (1) a étudié en 2019 les changements dans la composition du microbiote humain après un jeûne prolongé de 10 jours . Les 15 hommes sains de l’étude ont effectué un jeûne Buchinger de 10 jours, accompagné d’un lavement un jour sur 2. Les bactéries connues pour dégrader les polysaccharides (sucres) ont diminué en quantité, tandis que les Bacteroidetes, qui peuvent utiliser des substrats énergétiques arrivant dans nos intestins, ont augmenté. Ces effets sont restés 3 mois après le jeûne. Cette étude suggère que les changements dans le microbiote font partie des adaptations physiologiques du jeûne, et influencent potentiellement de façon bénéfique la santé.
L’étude a également analysé la perméabilité intestinale et l’état inflammatoire digestif. Les niveaux d’IL-6, d’IL-10, d’interféron γ et de TNFα ont augmenté dès la réintroduction de nourriture, ce qui suggère une réactivation de la réponse immunitaire après les repas (et de l’inflammation). L’étude conclut donc que les changements dans le microbiote intestinal font partie des adaptations physiologiques à un jeûne périodique de 10 jours, influençant potentiellement ses effets bénéfiques sur la santé.
Une nette amélioration en cas de syndrome du colon irritable
Aussi appelé syndrome de l’intestin irritable, ou colopathie fonctionnelle, le syndrome du côlon irritable est un trouble chronique. Il se traduit par des maux de ventre, de la diarrhée ou de la constipation, ainsi qu’une sensation de ballonnement, avec des interférences parfois difficiles sur la vie quotidienne.
Une étude de 2006 de Motoyori Kanazawa (2) montre qu’un jeûne de 10 jours, suivi par 5 jours de reprise alimentaire progressive, réalisé chez 36 patients atteints du syndrome de ‘intestin irritable (avec un groupe témoin de 22 malades) améliorait significativement 7 des 10 symptômes évalués cliniquement du SII: douleurs, distension abdominale, diarrhée, anorexie, nausées, anxiété, amélioration des interférences avec la vie en général. Les bienfaits du jeûne semblent plus prononcés dans le cadre d’un jeûne long (au moins 10 jours) ou pourraient être aussi étudiées sur plusieurs jeûnes par an chacun d’une durée de 7 jours.
En conclusion
Le jeûne est d’abord un temps de nettoyage pour l’organisme. Le foie profite du repos digestif pour éliminer les « sacs poubelles « en retard qui stagnent dans le corps (et souvent dans des endroits peu vascularisés comme les articulations). Au-delà des premiers jours de jeûne, le corps passe en même temps dans un second processus: celui de la réparation de l’intestin, avec un rééquilibrage de la flore intestinale, les « bonnes » bactéries se multipliant au détriment de celles gourmandes en sucre. L’inflammation intestinale baisse aussi. Une reprise progressive et à l’écoute de ses besoins va permettre de maintenir cette amélioration dans les mois qui suivent le jeûne.
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Bibliographie
(1)- Changes in human gut microbiota composition are linked to the energy metabolic switch during 10 d of Buchinger fasting, de Mesnage R, Grundler F, Schwiertz A, Le Maho Y, Wilhelmi de Toledo F. – J Nutr Sci. 2019 Nov 12;8
(2)- Effects of fasting therapy on irritable bowel syndrome, de Motoyori Kanazawa, Shin Fukudo – PMID: 17078771